Programme : Aménagement urbain, Architecture, Paysage
Situation : Nordhavnen, Copenhague
Superficie : 4 000 000 m² SHON
Maîtrise d’ouvrage : Ville de Copenhague
Equipe de maîtrise d’œuvre :
Architecte mandataire: Kawai
Collaborateurs : Collectif Ferpect (Florent Biais + JKA), Lucien Puech (3D), Manuel Savoy
Calendrier : Concours 09/2008
Pier to Pier
urban eco delta
Les Enjeux
Sur le modèle de la baie de Tokyo, Copenhague souhaite développer ses polders existants proches du centre ville. Quatre millions de mètres carrés utiles pour un quartier-vitrine d’une politique environnementale responsable. Notre projet se base sur un système infrastructurel de canalisations des énergies, des transports et des déchets. Il s’agit d’une colonisation progressive avec une redistribution des activités portuaires et une récupération des bâtiments industriels.
Logique de recolonisation – L’eau
Apports de terre végétale / Bio-corridors / Canaux / Noues
Une stratégie de re-colonisation d’un sol appauvrit (stratégie verte indispensable à une proposition de ville dense, crédible, et attractive). Les apports de terre végétale ponctuels et centraux, la logique de colonisation le long des berges des darses, puis le long des canaux, puis le long des noues d’eau pluviales : Le végétal pénètre de manière fractale au coeur de la ville et se trouve présent à toutes les échelles de bâti. On note l’importance de la continuité de ces espaces qui deviennent des bio-corridors connectés avec les espaces verts existants autour du site.
Mixité et densité de formes urbaines
Intrication croissante urbain-végétal / Ecosystème urbain / Cellule verte
Pour nous, l’homme est à replacer dans son « écosystème urbain », comme partie intégrante de celui-ci. La variation des typologies urbaines, de densité élevée, va de pair avec une intrication croissante du végétal et du bâti. On parle d’échelles de domestication du végétal : du grand espace commun ouvert de l’écodelta urbain, en passant par la notion de parc, jusqu’au jardin-patio, ou « cellule verte ». A densité constante, nous proposons donc une logique de variation des hauteurs et de densification au sol. Il en résulte une image de « ville pixel ».
La définition d’une échelle de co-gestion, et autres identités de gestion
Ilot-quartier / Proximités
La définition d’une « unité collective » de vie raisonnable, en adéquation avec le site et des échelles de mutualisation crédibles nous amène à définir plusieurs identités imbriquées. Étant donnée l’étendu du territoire concerné, les divisions préexistantes créées par les darses industrielles sont prises comme support pour faire ressortir des macros entités : des « îles » traversantes. Cette première échelle, capable d’accueillir environ 8.000 habitants, mutualise les principaux équipements culturels, les terrains de sports, l’accès au métro et ses stockages de véhicules. Chaque île a des caractéristiques intrinsèques qui sont mises en valeur, s’en dégage un nom, un esprit différent. Nous définissons ensuite une deuxième échelle d’îlot-quartiers (380m x 117m, 1000 habitants), allant de darse à darse et jouissant d’une variété d’exposition, situations et ambiances : orientation sud sur l’eau (plages), jardins collectifs et cultures maraîchères, stockages de vélos, serre et production d’énergie à partir de la bio-masse.
L’acte d’humilité : un travail important sur le support couplé à des processus réversibles, ajustables
Canaux-réseau / Trame / Maillage / Module / Maison flottante
Un travail important sur le sol, le support, est couplé à des processus réversibles, ajustables. La philosophie du projet, en terme d’investissement pour le futur, de durabilité des solutions urbaines et infrastructurelles, est d’allier du « dur-coûteux-pour du très long terme » tel que le métro, la trame bleue des canaux, le maillage ; à du « doux-économique-réactif », tel que le recours au module, à des solutions de maisons flottantes. Etant donné les incertitudes futures en terme de climatologie, dépendant des choix politiques des nations (dont dépendra par exemple la montée des eaux), nous estimons que nous devons adopter une attitude humble et responsable dans nos choix : c’est-à-dire permettre des évolutions, des adaptations, et même peut-être une réversibilité du processus urbain. D’un coté, il est nécessaire de mettre en place une logique de constitution des terrains pris sur la mer, intégrant les notions de réseaux et de remblaiements aussi bien que de dépollution progressive (canaux-réseaux) qui sont des actes fondateurs (dans une logique dépassant presque celle du besoin humain) et devenant des accroche d’écosystèmes vivants au sens large. Nous parlerons ici d’un eco-delta urbain. De l’autre, il est indispensable de s’appuyer sur les modes doux et flexibles, de faire confiance à l’auto-régulation et à la prise de conscience citoyenne, à sa capacité de s’organiser en micro-unités économes.
L’écosystème social – le patchwork net aux distance nulles
Cogestion de voisinage / Web / Dent creuse / Friche / Foyer / Serre / Stockage commun / Local vélo / Salle de vidéo-conférence
Nous estimons que l’écologie d’un lieu si dense humainement ne peut tenir que s’il est socialement équilibré, issu d’une forte mixité, s’il s’appuie sur la complémentarité des êtres et de leurs ressources. Pour répondre à ce défi, favoriser l’apparition de ce réel « eco-patchwork humain », nous prenons appui sur une ressource très locale et une ressource encore naissante mais désormais globale. Il s’agit de la culture danoise très portée à la cogestion de voisinage, et parallèlement, du web. La première ressource est mise à profit en généralisant ces « espaces collectivisés » à toutes les échelles, ces espaces de valeur ajoutée, ces « pixels supplémentaires », laissent aussi une marge pour l’innovation, à des champs inexplorés, aux énergies de microsystèmes humains. Certains sont dores et déjà programmés, d’autres sont en attentes (dent creuses ?, friche ?, foyer ?, serre ?, stockage commun ?, local velo collectif ?). On imagine assez bien que certaines distances, annulées depuis peu par l’aire Internet, feront apparaître de nouveaux espaces de mise en commun afin de libérer pleinement son énergie (salles de vidéo conférence par exemple). Il est indispensable d’intégrer dès le schéma urbain des espaces pour accueillir ces énergies latentes pour une ville du future eco-responsable.
Orientation et densité
Occupation au sol / Réglementation urbaine / Etagement / Plages
Au sein de chaque « ile », les « ilots-quartiers » répond à une gradation hauteur / occupation au sol différente. Utilisant ensuite le format allongé dans le sens nord-sud de ces unités, des règles prennent en compte des reculs optimisant l’ensoleillement du bâti, en évitant les ombres projetées d’un bâti à l’autre sur des pages horaires trop importantes. Ces règles nous dessinent un étagement global de l’ilôt en pente vers le sud, aboutissant par l’espace commun de prédilection : les plages au sud et leurs espaces de plaisance.